La multimodalité c’est génial ! C’est comme le plastique qui est fantastique !! Mais c’est d’autant plus puissant si elle est réfléchie avec la notion de réflexivité. Elle peut ainsi inclure des temps d’analyse de pratiques professionnelles et là…
Là c’est du sérieux !
C’est quoi déjà la multimodalité ?
Le multimodal c’est d’abord l’idée que l’on peut utiliser plusieurs types de médias pour faciliter l’apprentissage. Des diaporamas sans lesquels tout le monde est perdu (🙄), mais aussi des posters, des post it, des livres, des podcasts, des vidéos, de la réalité virtuelle, etc. N’importe quel matériel finalement tant qu’il permet de varier les activités d’apprentissage et que celles-ci découlent d’un objectif pédagogique. Le multimodal, c’est génial parce que cela permet de déconstruire nos représentations de la formation pour concevoir des parcours hybrides, où se mêlent présentiel et distanciel, synchrone et asynchrone. Cette mécanique d’hybridation pousse à séquencer finement les parcours de formation. Ce séquençage, combiné à des impératifs écologiques, doit répondre à plusieurs impératifs :
- Restreindre les classes virtuelles à deux heures pour maintenir une concentration optimale.
- Organiser des temps présentiels d’une journée complète pour que tous et toutes se déplacent pour de bonnes raisons.
- Assurer un tutorat soutenant, guidant, même à distance, même et surtout en asynchrone, pour faciliter le développement des capacités d’autoformation.
- Garantir un temps suffisant pour générer une dynamique de groupe constructive pour l’apprentissage de toutes et tous.
La multimodalité et le temps
Une fois que tous ces critères sont remplis, une marge de liberté extraordinaire apparaît : la répartition dans le temps. En effet puisqu’il ne s’agit plus de journées de formation consécutives, pourquoi faudrait-il absolument les regrouper ? Prenons un exemple concret : imaginons une formation constituée d’un module d’e learning (distanciel asynchrone), puis d’une journée présentielle, suivi de travaux autonomes, débriefés en classe virtuelle (distanciel asynchrone) et d’une nouvelle journée présentielle. Il n’y a pas d’obligation à faire tenir cela sur une seule semaine… Si on le faisait voici ce que cela donnerait :
lundi | mardi | mercredi | jeudi | vendredi |
Module e learning | Journée présentielle | Travaux autonomes | Classe virtuelle | Journée présentielle |
Quelle semaine ! Cela m’oppresse rien que de le voir ! Pas sûr que cela laisse le temps au cerveau d’absorber tout ce qui va se passer. Pas sûr donc que l’apprentissage soit effectif. Dommage, il n’y aura qu’à recommencer…
Ben, non : on peut faire autrement ! On peut se permettre de laisser plus de temps entre chaque séquence, comme cela par exemple :
- Semaine 1 : Module e learning
- Semaine 2 : Journée présentielle
- Semaine 3 : Travaux autonomes
- Semaine 4 : Classe virtuelle
- Semaine 5 : Journée présentielle
Cela fait la part belle à la notion de réactivation des apprentissages : sollicitées chaque semaine les connaissances découvertes dès le module d’e learning seront d’autant mieux retenues. Cela permet également aux apprenant·e·s de répartir leur charge de travail selon leurs besoins lorsque les modalités asynchrones le permettent.
La multimodalité et l’alternance
Cette répartition plus diluée dans le temps provoque une alternance entre les temps de la formation et les situations de travail. Terminé l’effet bulle où les apprenant·e·s retournent à la vie réelle une fois la formation terminée. Ici les allers et retours se font tout au long du parcours.
L’occasion est trop belle ! Profitons-en ! Les apprenant·e·s vont tenter de mettre en place une partie des apports de la formation en situation, sans attendre que la formation soit terminée. Surtout si on les y engage. Et on peut faire encore mieux que cela !
Si nous leur proposons de regarder leurs situations de travail, de telles manières que quelques-unes soient partagées au sein du groupe pendant la formation, le lien se fera d’autant mieux entre les compétences visées et leur activation en situation de travail. Cela prépare le transfert des apprentissages. Et ça, cela fonctionne encore mieux si le collectif se projette vers d’autres manières de faire, peut-être encore jamais expérimentées, mais suggérées, construites à l’occasion de la formation…
L’analyse de pratiques professionnelles
Ça tombe bien : ce que je décris là, ça existe, c’est l’analyse de pratiques professionnelles. Comme j’en ai déjà parlé ici et ici, je ne détaille pas de nouveau toute la méthode.
Je tiens juste à souligner que concevoir un parcours de formation hybride et multimodal permet de diluer le temps de la formation. Cette répartition dans le temps génère des allers et retours avec les situations de travail, typique de l’alternance. Cette alternance favorise l’observation plus attentive des situations de travail. Il est donc facile de collecter ces situations pour les rapporter en formation et les soumettre à l’analyse par le collectif. Cela permet d’en sortir des pratiques inédites, modifiées, enrichies par les apports de la formation. Et de retourner tout de suite mettre ces propositions à l’épreuve des situations de travail…
Ce regard réflexif et collectif posé sur les situations de travail vient enrichir la formation d’une connexion puissante avec le réel du travail et du besoin de formation initial. Cela amène le groupe à construire une réflexion et des pratiques qui répondent vraiment à ses besoins. La boucle est bouclée !
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