Quels sont les livrables de l’e learning ? Ceux qui jalonnent le travail de conception avant la réalisation d’un module d’e learning ? Comment communiquer entre interlocuteur·rice·s d’un tel projet ? Facile : c’est comme au cinéma !
Premier livrable : le synopsis
Imaginez : vous planchez sur un projet de formation hybride. Vous souhaitez y inclure un module d’e learning en début de formation, selon la méthode pédagogique de la classe inversée. Cela permettra aux apprenant·e·s de s’approprier les connaissances à leur rythme, selon leur organisation. Les temps synchrones de la formation seront ainsi dédiés aux partages d’expérience, à l’analyse de pratique, tous ces moments où l’apprentissage entre pairs est précieux.
Seul problème : votre client n’est pas coutumier de ce type de fonctionnement et vous avez à le convaincre. Parfait ! Vous avez un outil puissant à votre disposition ! Le synopsis ! Dans le milieu du cinéma, il sert à convaincre des financeurs, des agents (et sans doute tout un tas d’autres personnes) à aller plus loin dans la découverte du projet, sans trop en révéler non plus.
C’est un équilibre précaire mais il est important de le trouver. Car potentiellement votre synopsis ne va pas convaincre et vous ne pourrez pas aller plus loin. Mieux vaut alors ne pas y dédier trop de temps. L’important est d’obtenir un feu vert pour pouvoir engager du temps de conception pédagogique pour entrer ensuite dans les détails.
Pour réaliser un synopsis il vous faut forcément avoir pensé à votre scénarisation pédagogique, au moins dans les grandes lignes. Sinon vous n’auriez rien à dire. On pourrait dire que c’est un scénario général. Mais sexy ! Comme il cherche à séduire, à convaincre, c’est un livrable particulièrement soigné.
Il doit être compréhensible d’interlocuteur·rice·s qui ne sont pas spécialistes de la formation : pas de jargon ! Des formules simples et des phrases chocs. Des schémas permettant de visualiser au maximum. Dans l’exemple que je donnais plus haut cela peut être important de représenter l’ensemble de la formation comme ceci :
Votre synopsis a plu et vous avez obtenu un accord pour continuer sur ce projet ? Félicitations ! Passons donc au livrable suivant !
Le deuxième livrable : le scénario détaillé
Bon, il me faut être tout à fait honnête. Dans mes pratiques professionnelles actuelles, j’ai la chance d’avoir des clients qui ne me demandent pas mes scénarios pédagogiques comme livrables intermédiaires. Mais cela se pourrait. Et dans le cadre de formations liées à l’agréement Qualiopi, c’est obligatoire de les fournir. Cela fait partie des éléments de preuve attendus. Cependant cela concerne surtout les formations synchrones.
Forcément le scénario détaillé d’un module d’e learning est différent de celui d’une formation synchrone. On n’y trouve pas de liste de matériel à préparer par exemple. Et il y a fort à parier que les timings sont plus durs à estimer. Je ne le dirai jamais assez : en e learning, tout est fonction de la liberté de l’apprenant·e ! Quelqu’un·e qui s’investit à fond pourrait mettre le double de temps que son collègue qui se contenterait de parcourir rapidement le module.
Néanmoins le scénario, là encore, est avant tout un outil de communication. Il n’est pas vraiment là pour celui ou celle qui le réalise mais pour ses interlocuteur·rice·s autour du projet.
Le scénario doit donc permettre de comprendre comment s’articulent les différents contenus du module. Comment sont présentées les connaissances ? Quelles sont les activités d’apprentissage demandées aux apprenant·e·s ? En d’autres termes, que doivent-ils·elles faire qui leur permettra réellement d’apprendre ? La navigation est-elle libre ou contrainte ? Y a-t-il une évaluation ? Avec quelle méthode ? Là aussi, c’est comme au cinéma : le scénario raconte une histoire qu’il devient possible de visualiser. Plus toutes les réponses à ces questions sont apportées précisément, plus il est facile de discuter, de modifier et… de passer à la suite !
Le troisième livrable : le storyboard
Là c’est plus que jamais évident : c’est tout comme au cinéma ! Le storyboard permet d’aller au scénario détaillé une représentation visuelle du résultat final obtenu. Il est à la fois la description précise de ce qui est attendu et sa représentation la plus fidèle possible.
Il faut garder en tête que dans bon nombre de cas, de tels projets sont menés avec au moins trois interlocuteur·rice·s. Pour schématiser : le·la commanditaire qui valide ou non, l’ingénieur·e pédagogique qui crée ces livrables et le·la concepteur·rice qui réalise concrètement le module. Et quitte à aller plus loin dans le stéréotype : celui ou celle qui valide comme celui ou celle qui réalise ne sont pas des professionnel·le·s de la formation. C’est une réalité qui devrait bientôt disparaître : de plus en plus de concepteur·rice·s sont formé·e·s à la pédagogie (si : j’en connais plein !) et des gens un peu farfelus comme moi combinent les deux fonctions.
Cependant sur une articulation d’interlocuteur·rice·s comme je la décrivais, le storyboard est d’autant plus crucial qu’il ne s’agit plus seulement d’obtenir une validation. Il s’agit de donner à quelqu’un·e d’autre que soi les moyens de réaliser ce que l’on a en tête !
Le storyboard détaille donc TOUT : les images, les sons, les scripts, les mouvements, les interactions, les liens entre les écrans du module, les polices, les couleurs… Autant vous dire que cela prend un sacré temps ! Au moins autant que de développer ledit module pour de bon !
Là encore, j’ai de la chance ! Comme c’est moi qui réalise les deux opérations, mes storyboards sont le plus souvent inexistants ou très légers. Je préfère passer directement à une étape de prototypage du module lui-même, même si au début cela peut être très sommaire. Ainsi mes clients voient directement ce à quoi cela va ou pourrait ressembler et on d’autant plus de matière pour donner leur avis. Et il est plus vite possible de solliciter les retours des utilisateur·rice·s cibles.
J’espère que ces quelques lignes vous auront permis de mieux comprendre ces livrables, leur fonction, ce que l’on y trouve… À vous de vous prendre pour des stars de cinéma !