Depuis que j’ai démarré cette aventure d’indépendante avec Pick & learn, j’accepte toujours de répondre aux questions qui me sont posées, que ce soit pour des parcours de reconversion, des études en cours, des podcasts, des travaux de recherches. Dernièrement j’ai dû répondre à cette question : quels sont les qualités du bon concepteur e learning, pour qu’il se démarque de ses pairs ? Reformulons cela en plus inclusif : quels sont les critères d’une conception e learning originale ? J’en retiens trois. Les voici.
Premier critère : pour se démarquer, s’ajuster au besoin de formation.
Une bonne conception e learning commence par la compréhension du besoin de formation. Quel est le public cible et qu’a-t-il besoin d’apprendre ? Quelle est la situation que l’on cherche améliorer par l’action de formation ? Y a-t-il déjà des formations existantes ? Pourquoi cherche-t-on à les améliorer ? Qu’est-ce qui coince ? Derrière les réponses potentielles, peut se cacher des raisons de refuser une conception e learning.
Prenons un exemple : si le public cible a besoin d’apprendre à réaliser un geste technique, ce n’est pas un module d’e learning la meilleure modalité pour atteindre l’objectif de formation.
À l’inverse s’il y a besoin de maîtriser une connaissance avant de la mettre en pratique, la conception e learning peut être un atout. Encore faut-il que le public cible puisse être réceptif à cette modalité de formation. Les personnes ont-elles accès à du temps et des outils numériques pour pouvoir en profiter ? Sont-elles habituées à ce type de modalités ou totalement réfractaires ? Ces réponses et bien d’autres vont forcément influencer les choix à faire.
Je ne détaille pas tout précisément : je pense qu’il est déjà perceptible qu’il vaut mieux se poser mille et une question avant d’entamer une scénarisation pédagogique en vue de la création d’un module d’e learning. Toutes ces questions ont un seul but : comprendre précisément le besoin de formation auquel il s’agit de répondre, pour y répondre avec à propos.
Deuxième critère : pour être original, la créativité est de mise !
J’entends la créativité comme la capacité à trouver des solutions inédites à un problème. Il ne s’agit pas pour moi ici de talents esthétiques ou artistiques. Mais d’une manière de présenter les choses qui surprenne voire qui déroute. Cela peut prendre diverses formes : employer une analogie pour rendre accessible une notion, utiliser des éléments de fiction pour embarquer dans un univers (ah, voilà le storytelling !) ou des éléments du jeu pour stimuler l’engagement (ah, voilà la fameuse gamification !!).
En restant en équilibre sur cette ligne de crête périlleuse, entre le trop-peu et le trop-tout-court ! L’enjeu est d’avoir une manière inédite de présenter les contenus, de permettre l’apprentissage sans ennuyer. C’est aussi parfois l’occasion de susciter le rire, merveilleuse émotion qui permet la mémorisation. C’est ce que j’ai tenté de faire en rédigeant ce feedback en cas de mauvaise réponse à un quiz :
Dois-je préciser que quelques secondes de Paroles paroles se déclenchait à l’arrivée sur cet écran (présenté ici partiellement) ? Non évidemment !
Troisième critère : pour être bonne, la conception doit être invisible !
Ce que l’on retient d’un bon module e learning, ce n’est pas la puissance de l’outil avec lequel il a été réalisé ! C’est particulièrement flagrant lors de test utilisateur·rice·s de modules e learning qui fonctionnent : c’est le contenu qui retient l’attention. Les apprenant·e·s s’étonnent, retiennent, reformulent, tâtonnent… Pendant ce temps-là ils·elles ne se questionnent pas sur l’outil, son fonctionnement, ses performances ou bugs…
Cela implique deux choses. La première c’est qu’au moment de proposer une scénarisation pédagogique d’un module e learning, le client ne doit pas entendre parler des caractéristiques techniques du module. Fondamentalement ça n’est pas son problème de s’avoir combien de calques, de liens, de déclencheurs il faudra mettre en place. En revanche il a besoin de se représenter le chemin qui sera proposé à l’apprenant·e, l’ordre des contenus, la progression pédagogique donc.
Deuxième chose, l’apprenant·e ne doit pas rencontrer de difficultés de navigation à l’intérieur du module. Les choses doivent lui être intuitives, presqu’invisibles. Seule sa curiosité, son envie d’apprendre, de progresser doit lui servir à cliquer et non pas des problèmes de type « qu’est-ce qui s’est passé ? que dois-je faire ? »…
En bref l’outil numérique doit s’effacer au profit des trésors qu’il recèle. Il n’est qu’un média, pas l’expérience d’apprentissage en elle-même. De la même manière qu’un cinéaste préfèrera que vous parliez de son histoire, de la densité de ses personnages plutôt que de vanter la taille de l’écran de votre nouveau téléviseur…
Je crois qu’en réunissant ces trois critères, il est possible de proposer des modules d’e learning véritablement sur mesure, de se démarquer donc, d’autres concepteur·rice·s e learning. Ces critères sont à ajouter aux fondamentaux du métier ! Ils ne les remplacent pas. Faudrait peut-être qu’on en reparle d’ailleurs ?!